Chapitre 3 :   La triode  (suite)


La polarisation


La polarisation consiste à fixer les valeurs des composants qui vont assurer l'équilibre du montage au repos. Sont concernées essentiellement les résistances RA et RK ( cf Fig 1 à 3) en matière de courant et tensions  continus. Tous les courants et tensions alternatifs vus jusqu'à présent vont venir se superposer à ces valeurs continues.

On polarise le montage en partant de son objectif. Soit :
  1. On souhaite obtenir un signal propre le plus ample possible ( les Anglophones parlent de headroom : hauteur sous barrots) . C'est le cas pour un canal clean par exemple.
  2. On souhaite polariser au bord des limites pour faire cruncher rapidement le signal voire le mener jusqu'en distortion (overdrive).

Pour simplifier dans un premier temps nous allons considérer le cas 1 en choisissant par exemple une tension de sortie d'anode de 130 V, soit un peu plus de la moitié de la tension d'alimentation ( voir la Fig 3).

La Fig 1 met en évidence la tension Ug entre grille et cathode. La grille jouant, pour les électrons émis par la cathode, le rôle de repoussoir variable, elle est polarisée négativement par rapport à la cathode. 

La Fig 2 montre que cette polarisation inverse s'opère par le simple jeu de la loi d'ohm sur Rk traversée par Ia courant d'anode-cathode (Fig 3). La résistance de grid-leak RG (= drainage de grille) est traversée par un courant négligeable, donc la tension à ses bornes étant nulle ramenant la tension de grille au 0 V. Nous avons donc

Ug = - VK = - Rk Ia 

La Fig 5 est un abaque présentant le réseau de courbes correspondant à différentes valeurs de Ug.  Ces courbes sont tracées sur un diagramme donnant
le courant d'anode Ia en fonction de la tension Ua prise entre l'anode et la cathode ( Fig 3). Pour un courant nul Ua peut donc théoriquement atteindre la tension d'alimentation 250 V ici. Cet abaque s'appelle "caractéristiques d'anode". Nous allons voir ci-après comment l'on s'en sert.

La Fig 4
est l'abaque correspondant aux caractéristiques de transfert  et montrant le même courant d'anode Ia en fonction de la tension continue grille-cathode Ug pour différentes valeurs de tension d'alimentation.





Le problème de la polarisation est relativement simple. Nous connaissons RA par les datasheets et l'usage que nous en avons fait ici.
Reprenons donc la valeur courante de 100 k pour RA. 
Nous allons tracer la droite de charge . La loi d Ohm étant linéaire, deux points suffisent à tracer cette droite. Prenons Ua = 250 V et Ua = 0 V.

Appelons Vra la tension continue sur RA.   Il apparaît que   Vra + Ua = 250 V ( à la tension de cathode près que l'on néglige pour le tracé de la droite ici car elle est inférieure à 1% de la tension d'alimentation )

Si Ua = 250 V alors la tension Vra sur RA est nulle et le courant Ia aussi. Nous avons donc trouvé le point A  Ua = 250 V et Ia = 0, donc sur l'axe des abscisses. (Fig 6)
La tension maximale applicable à RA est de 250 V.
A cet état, le courant dans RA est de 250/100 = 2,5 mA et la tension Ua  = 250 V - 250 V = 0 V.  Nous plaçons donc le point B correspondant sur la courbe. En reliant les deux points nous obtenons la droite de charge pour RA = 100 k. Ceci signifie que lorsque la tension va varier sur l'anode sur l'abscisse de l'abaque, on pourra suivre les variations du courant sur l'ordonnée.




Fig 6

Nous avons choisi une tension Ua de 130 V au repos. La figure 7 ci-dessous montre qu'à 130 V le courant Ia est de 1,2 mA. En traçant les courbes manquantes pour la tension Ug et en particulier celle qui passe par le point ( 130V / 1,2 mA) on trouve la tension Ug de grille qui est donc de + 0,82 V sur la cathode.  Il est facile de trouver alors RK = 0,82 V / 1,2 mA = 683 ohms. On prendra donc pour Rk 680 ohms. Nous avons terminé la polarisation de l'étage.


Fig 7

Cet abaque nous en dit en fait beaucoup plus qu'il n'y paraît : on peut y retrouver les données de la datasheet telles que :
  • le facteur d'amplification µ
  • la transconductance gm
  • par déduction la résistance anode-cathode rak puisque gm . rak = µ

Cet aspect peut être utile lorsque l'on travaille en limite car alors ces données peuvent différer des valeurs publiées dans les datasheets.

Le facteur d'amplification µ est le gain en tension dUa / dUg . Sur la Fig 8 est tracé l'écart dUg autour du point de fonctionnement. Cet écart est de 0.5 V. L'écart dUa lu sur l'abscisse est de 150 -100 = 50 V. On calcule alors µ = 50 / 0.5 = 100. Il s'agit bien de la valeur donnée pour l'ECC83 dans les datasheets.

Fig 8

La valeur de gm , la transconductance = dIa / dUg se lit verticalement. Ainsi pour dUg de 0.5 V on lit, sur la Fig 9, 4.5 graduations de 0,2 mA soit 0.9 mA. 

gm = 0.9 / 0.5 = 1,8 mA/V

La valeur de la datasheet est de 1,6 mA/V ce qui montre que cette valeur est prise avec Ug un peu plus négatif.
On en déduit
rak = µ / gm = 100 / 1.8 e-3 = 55 555 ohms

En reportant ces données dans l'expression du gain de l'étage si  la cathode est parfaitement découplée , on  obtient

  |A| = µ*RA / (RA + rak) = 100*100 / (100+55.5) = 64.3 soit 36.2 dB

Si on ne découple pas du tout la cathode donc en omettant la capacité Ck le gain devient :

|A| = µ*RA / (RA + rak + (µ+1) Rk) = 100*100 / (100+55.5+101*0.680) = 44.6 soit 33 dB

On voit ici une caractéristique importante de la manière de polariser un étage :

Fig 9




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