Méthode de calcul des fonctions de transfert
à l'ère des ordinateurs



Introduction
La bonne méthode
Pratique (mode d'emploi du logiciel de tracé)



INTRODUCTION :

Rappelons d'abord que la fonction de transfert ou transmittance est entendue ici comme le rapport entre la tension de sortie d'un montage et la tension d'entrée en fonction de la fréquence du signal. Revoir au besoin ici ces notions ainsi que l'expression de ce rapport en décibels.


Il ne faut pas perdre de vue que tous les calculs sans exception se font dans un espace à deux dimensions, c'est-à-dire pratiquement dans le plan <<complexe>> et ceci pour tenir compte du déphasage des signaux induit par les diverses capacités et inductances. Toute autre approche est vouée à l'échec.

On peut faire la démonstration en adoptant le raisonnement du <<débutant>> , sans notation péjorative, bien sûr, ce texte lui étant en particulier destiné.

Exemple à ne pas suivre :    soit le réseau RC parallèle suivant.



Je veux calculer l'impédance de ce réseau à la fréquence de 50 Hz et je ne m'intéresse pas au déphasage (grave erreur !) . Je calcule donc l'impédance Zc de la capacité C à la fréquence de 50 Hz soit :




Ensuite cette impédance Zc étant en parallèle avec la résistance R je calcule l'impédance globale avec R en parallèle de Zc comme si Zc était une résistance. Je trouve  100 k // 96457 = 49098 ohms. ( = R x Zc / ( R + Zc) ).

La réalité est bien différente : Zc est une impédance complexe que nous noterons dorénavant 1 / pC   avec p = jw. p va devenir la variable nous permettant dorénavant <<d'oublier le côté  complexe>> des calculs lorsque nous utiliserons l'ordinateur.

Pour le moment le calcul (manuel !) complet donne :





On trouve donc au lieu de nos 49 kohms , en réalité 69 kohms soit une erreur de 41,4 %  !  ( racine de 2 en fait). On imagine que même pour un résultat approché ce mode de raisonnement ne peut être valable.




LA BONNE METHODE :



Sur le schéma ci-dessus A , gain ou atténuation suivant la nature du circuit est en fait la transmittance ou la fonction de transfert dès lors qu'il sera fonction de la fréquence du signal Ve entrant.

On peut réduire tout circuit en quotient de deux polynômes
 fonction de la fréquence f du signal entrant en Herz (voir note).

La variable f est transformée en radians / seconde par la formule :


Puis on tient compte de la phase du signal en effectuant les calculs dans le plan à deux dimensions : le plan complexe. La variable devient jw avec j opérateur imaginaire . Pour simplifier la notation on adopte celle des automaticiens qui remplacent jw par p :

 


Ainsi il suffit de noter les impédances des capacités

et celles des inductances pL pour que les polynômes s'organisent autour de la variable p et que la tâche revienne à l'ordinateur de s'en occuper !

Le polynôme générique est de la forme :



On organise le numérateur et le dénominateur en puissances décroissantes de p, la variable. Tous les autres termes N[] et D[] sont des constantes qui combinent les valeurs des composants du circuit. Une fois que l'on a cette équation sur le papier on a fini ! On laisse à l'ordinateur la mission pour nous harassante voire abrutissante de mener les innombrables calculs itératifs.

L'ordinateur est programmé comme ceci :

L'objectif est de séparer les parties réelles et les parties imaginaires afin de réduire le quotient à :

Si on se souvient que :

on en déduit que toutes les puissances paires de p donnent des nombres réels et sont à ajouter à X pour le numérateur et W pour le dénominateur. De même les puissances impaires de p donnant des nombres imaginaires sont à ajouter respectivement à Y et Z.
Un fois le calcul effectué pour la fréquence f ( p = j 2 pi f) on trouve la magnitude de A ainsi



et la phase pour la fréquence f =




Note : En théorie c'est vrai mais dès que les circuits se compliquent il est beaucoup plus rationnel de faire appel à d'autres outils mathématiques, en l'occurrence le calcul matriciel qui permet de résoudre les systèmes de  n équations à n inconnues . C'est ainsi que procède SPICE. Ceci sort de l'objet de cet article.


PRATIQUE :

On l'aura compris, la vraie difficulté réside dans l'établissement de l'équation.Le principe est cependant toujours le même : une fois qu'on a une construction à plusieurs étages il suffit de multiplier haut et bas par les dénominateurs les plus bas . On répéte l'opération jusqu'à obtenir une expression en puissances de p comportant un numérateur et un dénominateur.

Si vraiment la construction est complexe on peut toujours demander à l'ordinateur de multiplier des polynômes entre eux. L'exemple de logiciel disponible ici sait multiplier trois polynômes entre eux.


Exemple simple n° 1 : Montage passe-haut
Exemple simple n° 2 : Entrée JCM800 triode en cathode commune partiellement découplée
Exemple n° 3 :    Polynôme du second degré: micro guitare amorti sur pot de volume seul

















Exemple simple n° 1 :

Un simple montage passe- haut





Ici les numérateur et dénominateur sont du premier degré et dans le polynôme générique ci-dessus on peut identifier facilement N[1] = RC , N [0] = 0 , D[1] = RC et D[0] = 1.


Exemple simple n° 2 :

L'étage d'entrée Hi du Marshall JCM800 monté en cathode partiellement découplée. On le prend ici chargé uniquement par RA ( cas d'école).


Pour mesurer le gain sortie/entrée on reprend la formule démontrée au chapitre correspondant :




Zk est l'impédance de Rk en parallèle sur Ck dont nous avons calculé la formule justement en haut de cette page.
           


reportée dans l'expression du gain :


développée en multipliant haut et bas par le plus bas dénominateur :


organisée en polynôme ( du premier degré ici ) et en respectant le signe - pour tracer correctement le graphe de la phase :




Par rapport au polynôme générique on voit apparaître les constantes à entrer dans l'ordinateur :

N[1] = - RkCkµRA

N[0] = - µRA

D[1] = RkCk(RA+rak)

D[0] = RA + rak + (µ+1) Rk

Donc après avoir entré les valeurs des composants :





puis les 4 constantes ci-dessus





il suffit de valider et lancer le tracé qui donne :





Sur le graphe des magnitudes on voit apparaître le palier supérieur lorsque p tend vers l'infini et le palier inférieur lorsque p tend vers 0.

Quand p tend vers l'infini :

   

C'est la formule du gain avec la cathode parfaitement découplée ( Ck est alors un court-circuit)

Quand p tend vers zéro :




C'est la formule du gain avec la cathode non  découplée ( Ck est alors un circuit ouvert)

On voit que c'est la grandeur (µ+1) Rk qui détermine l'écart entre le palier bas et le palier haut (en rapport avec RA+rak tout de même) que Merlin Blencowe et Randall Aiken appellent le << GAP>> et sur lequel jouent les concepteurs d'ampli pour personnaliser la tonalité. Cet écart est pour l'entrée HI du JCM800 de 35,5 - 27,1 = 8,4 dB. Sur la charge réelle le palier haut atteint 35 dB et le palier bas est beaucoup plus bas et progressif grâce aux filtres qui suivent pour attaquer l'étage 2.



Exemple n° 3 :   Polynôme du second degré .

On prend pour exemple un micro guitare modélisé le plus simplement en 3 composants :
une self Lm
une résistance Rm ( en série avec la self)
une capacité Cm à la masse

Cette impédance est chargée par une simple résistance fixe Rv matérialisant le potentiomètre de volume.

Le schéma est le suivant :






Le rapport Vs / V est un simple diviseur de tension :







On applique toujours le même principe consistant à multiplier haut et bas par le plus bas dénominateur. On obtient ici une constante Rv divisée par un polynôme du second degré en p.

Par rapport au quotient générique de polynômes on identifie alors les constantes :

N[0] = Rv  pour le numérateur

et pour le dénominateur :

D[2] = L*Cm*Rv

D[1] = L+Cm*Rv*Rm

D[0] = Rm + Rv

On entre alors les composants en premier lieu :





Puis on valide les données et l'on entre alors les constantes en prenant l'option polynôme :




Après validation on lance simplement le tracé :





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